Vous avez le sentiment que votre entretien d’embauche s’est bien passé. Ce poste est pour vous. Malgré l’annonce « nous revenons rapidement vers vous » : pas de réponse. Pas de trace de mail de l’entreprise dans vos spams, pas d’appel manqué… Ni bon, ni mauvais, voici les raisons qui expliquent ce silence.
Près d’un candidat sur 2 n’a pas de réponse suite à un entretien d’embauche
D’après notre dernier sondage réalisé auprès de vous du 19 octobre au 16 novembre, 47% déclarent ne pas avoir eu de retour du recruteur après un entretien. Ce chiffre est très étonnant et paradoxal. En effet, le candidat s’est déplacé, a soigné sa présentation et sa candidature. L’absence de retour vient sonner le glas du déséquilibre entre recruteurs et candidats.
Sondage Jobijoba réalisé du 19/10 au 16/11/2016. 380 répondants
Autre enseignement de notre étude. On peut voir que la réponse de l’entreprise, bonne ou mauvaise, est souvent donnée, en moins de trois semaines (64%). Passé 3 semaines, seulement 7 % ont des retours. Au-delà du seuil de 3 semaines, les chances d’être contacté par l’entreprise pour avoir une réponse sembleraient donc se réduire.
Chez Jobijoba, on est souvent présents lors d’événements à destination de professionnels du recrutement et des ressources humaines. Lors d’un événement organisé récemment par LinkHumans, cette question était soulevée parmi les professionnels, s’interrogeant sur leurs pratiques.
Premier apprentissage : un recrutement raté coûte cher
Tout d’abord, d’après différentes études, le recrutement d’un nouveau collaborateur et son intégration coûtent entre 15 et 25% du salaire brut annuel de la personne embauchée (source Gereso.com). A cela se rajoutent les coûts d’une embauche ratée avec la procédure de rupture de contrat, la perte d’exploitation, le solde de tout compte et la nouvelle procédure de recrutement.
Autrement dit, le stress lors d’un recrutement n’est pas l’apanage du candidat. Le recruteur lui-même ne veut pas se tromper et peut douter de son choix.
Plus il y a d’avis sur le recrutement, plus le temps est long
Plusieurs collaborateurs peuvent intervenir lors d’un processus de recrutement. Manager direct, RH, futurs collaborateurs. Pour convaincre, le candidat doit donc séduire tous ces interlocuteurs. Lorsque les avis divergent, les décisions sont alors en attente, quitte à ce que de nouvelles recherches soient lancées pour mieux décider. Une vérification des études, diplômes et établissements du candidat peut également allonger le temps de traitement.
L’attente d’un autre candidat
Parfois encore, votre prestation a pu être très adaptée, mais un autre candidat se fait attendre. Il a été choisi mais sa décision est en cours. L’entreprise garde donc sous le coude les candidats qui pourraient également être recrutés.
Les mouvements internes en jeu, les budgets qui sautent
Avant de recruter, les postes sont budgétés a minima, mais parfois, la donne peut changer. Un budget qui saute ou qui est décalé, la loi des « Go » « No go » en interne ou encore des recruteurs qui changent de poste peuvent venir perturber des recrutements. Pour tout vous dire, cela m’est déjà arrivé. J’ai reçu un appel me disant très exactement « J’ai deux nouvelles à vous annoncer : vous êtes la candidate avec laquelle nous avons vraiment envie de travailler. Par contre, nous n’avons plus de budget. » Dans mon cas, le recruteur a joué la carte de la transparence mais il aurait pu attendre d’en savoir davantage, laissant le flou s’installer.
Une gestion douteuse des candidatures
Soyons honnêtes, c’est la première chose à laquelle on peut penser. Pas de réponse - mauvaise réponse. L’entreprise a "simplement oublié" de nous le dire… Pour information, un chargé de recrutement dans la grande distribution peut réaliser jusqu’à 300 recrutements par an. Si on compte une moyenne de 50 candidatures reçues pour un poste, on arrive facilement à 15 000 candidatures. Voilà un chiffre conséquent. Pour autant, l'absence de réponse de l'entreprise joue de manière inéluctable sur l'image laissée en retour.
Ni bon, ni mauvais, la fatalité de la case « ne se prononce pas »
Lors de cette discussion auprès des professionnels du recrutement, il en ressortait surtout que dans les systèmes de gestion des candidatures internes, en particulier pour les grands groupes, la principale difficulté est au niveau de la case « Ne se prononce pas ». Le candidat présente un bon potentiel mais ne satisfait pas en intégralité les critères. Plutôt que de passer à côté d’un candidat, on mettrait sa candidature de côté le temps de trancher la question. Malheureusement, ni dans la case à contacter pour un refus, ni dans celle de l’embauche, elle passerait dans les mailles du filet.
Quelles actions avoir pour agir sur la situation ?
Le silence, rien de pire que ce soit en amour ou dans le travail. Pour reprendre un peu la main, bien sûr, rien de neuf sous le soleil, il est possible de relancer. Toutefois, sans trop insister lourdement. Deux relances suffisent. Vous pouvez le faire par mail, mais pensez bien à mettre un accusé de lecture pour vous assurer que le mail soit reçu et lu. Pour la deuxième relance, vous pouvez les contacter par téléphone. Si la personne n’est pas disponible lors de vos appels, convenez d’un rendez-vous fixé à sa convenance.
Si malgré tous ces points, rien n’y fait, on peut en venir à la conclusion suivante. Peut-être que finalement le tri s’est fait naturellement pour vous : cette entreprise ne vous aurait de toute manière pas convenue dans sa manière de traiter ses collaborateurs.
De votre côté, dans tous les cas, cela ne veut pas dire que votre prestation n’était pas bonne et pas digne d’un retour. Réponse évidente mais toujours bonne à se rappeler. Je souhaitais finir par cette phrase prononcée par un ancien recruteur, chasseur de tête : "chacun d'entre nous est un candidat potentiel, même un recruteur". Certaines entreprises entreprennent des actions pour résoudre ce problème. Espérons que les réponses d'entretien soient un jour "juste" systématiques !
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