Margaux Gilquin, 55 ans, a subi comme beaucoup un licenciement économique après 10 ans passés dans la même entreprise. Contrainte de quitter la région parisienne, elle est au chômage depuis maintenant 8 ans, entrecoupés de CDD et de reprises d’activités de courtes durées. Elle nous partage son témoignage de candidat en recherche d’emploi à plus de 50 ans. Bien plus qu'un cas individuel, elle donne la parole à cette "décennie de l'enfer".
Le parcours de Margaux est des plus classiques. Comme pour tous, rien ne la prédisposait au chômage. Margaux a commencé à travailler jeune, à 18 ans. Elle s’est ensuite formée, pour atteindre un niveau BAC +3 à 34 ans. Aujourd’hui, elle connaît la galère de la fin de droits et des inquiétudes financières qui vont avec.
Dans sa lettre ouverte au Président, relayée par le Huffingtonpost, elle représente la « décennie de l’enfer », comme elle l’appelle. Cette génération dite « senior », placée littéralement entre le marteau et l’enclume. D’une part, l’allongement de la durée de travail et le recul de l’âge de départ à la retraite. De l’autre, une confrontation brutale au chômage de longue durée, dans un contexte de concurrence forte entre candidats. « Il me reste plus de dix ans d'activité. D'un côté, je suis trop vieille pour les entreprises, de l'autre trop jeune pour avoir une retraite ».
De manière plus générale, plus de 42% des personnes seraient au chômage depuis plus d’an. Parmi elles, les seniors seraient particulièrement touchés. 6 personnes de plus de 50 ans sur 10 seraient au chômage.
Le contrat de génération, créé initialement pour faciliter l’embauche des seniors de plus de 55 ans et des jeunes de moins de 26 ans, s’est avéré au final peu porteur. Le Code du travail (art L.1132-1), lui, stipule qu'aucune personne ne peut être écartée d'une procédure de recrutement ou de l'accès à un stage ou à une période de formation en entreprise [...] en raison de [...] son âge. Le Code pénal (art 225.1) stipule que l'âge est un critère de discrimination. Malgré tout, une forme de discrimination liée à l'âge se poursuit.
Comme nous le rappelle Margaux, l’un des avantages d’un salarié de plus de 50 ans est la disponibilité. Plus d’enfant en bas âge à charge, la disponibilité est plus importante. L’une des craintes des recruteurs est liée à l’adaptabilité, tant au niveau d’une hiérarchie plus jeune qu’à l’arrivée des nouvelles technologies. Pourtant, cette génération a bien su évoluer au travers des décennies passées. Quid également des transmissions inter-générations lorsque l'on exclut les quinquas !
Pour notre témoin, Margaux, "il y a urgence !". Elle est l'auteur du livre Le dernier salaire (chronique d'une quinqua en fin de droits) aux éditions Xo documents. Elle nous transmet avec beaucoup d'émotions, de colère et d'humour son parcours pour rebondir.
Parce qu'on est tous concernés par ces questions, un grand merci Margaux !
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