Le.la chercheur.e sera intégré.e à l'équipe Lise (UMR 3320 CNRS, Cnam) du projet et travaillera en étroite collaboration avec celle-ci ainsi qu'avec l'équipe d'accueil au Brésil. Il.elle sera en charge de la réalisation d'enquêtes monographiques au sein des deux territoires sélectionnés en France et au Brésil (Seine-Saint-Denis et São Paulo). Il ou elle devra réaliser des enquêtes par entretiens auprès des parties prenantes impliquées dans l'activité de livraison à vélo et à moto et de chauffeur VTC (Voiture de transport avec chauffeur). Il.Elle sera associé.e aux réflexions du projet, principalement autour des Work Packages 1 - Work and Employment : Transformations in Covid Times et 2 - Social Policies, Territories and Social Protection.
Il.Elle participera à l'analyse des données collectées et la publication des résultats sous forme d'articles scientifiques. Enfin, le.la chercheur.e collaborera aux activités préparatoires du colloque final du programme, qui devra se dérouler à Paris en juin 2025. Il.elle assistera aux réunions prévues à cet effet et sera une pièce maîtresse dans l'organisation des différentes productions collectives qui en découleront.
Activités
Le poste requiert une appétence pour le travail en équipe. La maîtrise du portugais (lu, écrit, parlé) est essentielle.
o Activités de collecte :
- Préparation et coordination du terrain avec les autres membres de l'équipe : planifier et organiser les rencontres avec les enquêté.e.s, aussi bien pour les prises de rendez-vous que pour déplacements (transport, hébergement etc.) ;
- Réalisation d'entretiens ethnographiques en français et en portugais.
o Activités d'analyse et de valorisation :
- Rédaction d'un rapport de synthèse à partir des entretiens, présentant les données, les dispositifs et mettant en lumière les particularités de chaque terrain ;
- Valorisation des données d'enquêtes : participation à des groupes d'exploitation, participation à des séminaires internes et externes ;
- Co-organisation de séminaires internes au projet.
- Organisation de la base de données bibliographiques notion.so, en lien avec les coordinateurs des WP 1 & 2 ;
- Alimentation du site du programme en relation avec le personnel ingénieur du Lise ;
- Participation à la réflexion sur la valorisation des entretiens collectés ;
- Rédaction d'articles, de chapitre dans l'ouvrage collectif final ;
- Présentation de communications scientifiques dans des colloques et congrès.
Compétences
Ce poste s'adresse à une personne diplômée d'un Bac +8 en sociologie, science politique ou disciplines connexes en SHS. Le.la chercheur.e doit avoir une connaissance préalable du Brésil, y avoir réalisé des recherches et des entretiens, connaître la littérature sur les termes du programme Regreyz&Co. Une connaissance de ces thématiques en France et une expérience de recherche comparative seraient un plus. Il.elle doit avoir une bonne maîtrise des méthodes d'entretiens ethnographiques. Il.elle devra pouvoir réaliser des entretiens et du terrain en portugais et en français.
Contexte de travail
Le Laboratoire Lise est une Unité mixte de recherche (3320) du Centre national de la recherche scientifique (CNRS), située au Conservatoire national des arts et métiers (Cnam). Au Brésil, il travaillera avec les équipes de l'Instituto de Arquitetura e Urbanismo, de l'Université de São Paulo, à São Carlos et du Département de Sociologie de l'Université fédérale de São Carlos (UFSCar).
Présentation du projet et de l'équipe
Le ou la post-doctorant.e devra dans un premier temps dialoguer avec les membres de l'équipe, qui travaillent ensemble depuis déjà plus de deux années. Nous nous engageons en tant que coordinateurs brésilien et français à lui faciliter la tâche pour qu'il.elle soit le plus vite possible opérationnel.le, c'est aussi la raison pour laquelle la maîtrise de la langue portugaise est indispensable.
Le projet pour lequel nous recrutons un.e candidat.e s'inscrit dans des thématiques développées par des chercheurs ayant une grande expérience de collaboration. En partant d'un objet empirique circonscrit dans les deux contextes nationaux, français et brésilien - les chauffeurs VTC (Véhicule de transport avec chauffeur) et les livreurs à vélo et à moto, dont le travail est intermédié par des plateformes numériques, nous interrogeons les formes classiques de précarité et d'informalité et questionnons l'approche du travail par la seule entrée du salariat. Forts de recherches et d'écrits académiques sur la nécessité de dépasser les catégories analytiques héritées du fordisme et les appréciations binaires qui en découlent, nous nous interrogeons sur la régulation de ces figures émergentes sur le marché du travail, en mobilisant l'approche heuristique des zones grises. Ces dernières se rapportent à des tensions à l'origine de dynamiques alternatives plus ou moins stables, plus ou moins structurantes, dont on ignore a priori la durée et l'ampleur. Cette indétermination est à l'origine de l'institutionnalisation de nouvelles normes qui rentrent en concurrence et ce, à diverses échelles : micro, méso et macro. Nous soutenons l'idée que ces plateformes numériques produisent un déplacement de la focale d'analyse, qui nous amène à voir dans quelle mesure elles dictent des normes et s'affranchissent de celles existant. Les discussions actuelles au sein de l'Union européenne à propos de l'adoption d'une directive régulant le travail et la protection des travailleurs de plateformes nous obligent à dépasser le cadre national d'analyse et à souligner la disparité des formes d'institutionnalisation recherchées au sein de chaque cadre national. Dans cette perspective, l'approche multiscalaire s'avère incontournable tout comme la réflexion sur la dimension comparative. Nous adoptons l'idée de la nécessaire décentration de l'analyse comparative chère à Giraud et Lallement (2022) dans un globalizing world, dans le but d'éviter d'utiliser des catégories valables urbi et orbi et dont la portée heuristique se voit diminuée. A ce titre, la notion de « point de vue » (Assayag, 2005) est particulièrement riche pour montrer que, selon le prisme adopté, la lecture d'un phénomène social varie, même si des constantes perdurent, comme c'est le cas dans la stratégie des plateformes numériques, multinationales pour la plupart, vis-à-vis des chauffeurs des appli et des livreurs à vélo ou à moto.
Notre recherche met la focale sur le halo de formes de travail, de normes et de pratiques autour de cet objet empirique mouvant et opérant dans des contextes socio-politiques contrastés. Ces dynamiques éclairent les transformations du travail, dans leurs différentes articulations aux politiques sociales et aux conditions de vie (habitat, mobilités etc.) de ces travailleurs. Par cette démarche méthodologique, nous dévoilons l'homogénéité transversale de ces processus en portant notre regard sur les conditions de travail - liées au travail via les plateformes mais aussi à la poly-activité pour certains. Ainsi, examiner l'action des parties prenantes (institutions, organisations, syndicats, associations, coopératives, avocats, experts, universitaires etc.) constitue un axe central de Regreyz&Co dans la mesure où elle traduit la dynamique et la rapidité des transformations.
Ces différentes ramifications de l'objet central révèlent les négociations permanentes autour du déplacement des frontières de ces différentes catégories de l'action. Elles sont reliées par les transformations des représentations et des statuts ou par des pratiques. Cette opération de méthode repose sur une approche socio-historique dans la mesure où elle pose les éléments des contextes brésilien et français, mais elle ne s'y limite pas en raison du caractère actuel d'apparition de phénomènes qui ont un impact direct sur le travail et dont on ne présageait pas leur apparition (notamment la place qu'occuperaient les plateformes en temps de Covid-19) au début de l'année 2020. Les transformations dans la législation du travail dans les deux contextes nationaux étaient l'aboutissement de tendances déjà présentes depuis les années 1980 - les lois El Khomri (2016) et de régulation de la mobilité urbaine et les ordonnances Macron (2017) en France ; la réforme du marché du travail au Brésil (2017) et les différentes lois subséquentes, qui ont consolidé la flexibilisation des rapports de travail. Les conséquences sur le marché du travail de ces réformes sont reliées à son positionnement en faveur des plateformes et à l'ouverture à de nouveaux secteurs de transport au Brésil et en France. L'État participe de la production d'une zone grise qui accélère la déconstruction de l'État-providence, au point de se trouver, par moment, dépassé par les processus en cours. L'étude des acteurs de résistance en même temps que de renouveau, autour des frontières des droits disputés mais également dans le déplacement vers de nouveaux espaces où se joue l'ascendance des figures émergentes, permet de brosser un portrait à la fois holistique et dynamique de la recodification du travail et des zones grises qui l'accompagnent. Il permet aussi de dégager de nouvelles catégories conceptuelles et typologiques comparatives, tout en mettant en valeur les phénomènes qui y échappent, ce qui participe à son tour de la constitution de zones grises potentiellement pérennes.
La gestion algorithmique et triangulaire - plateforme-client-prestataire de service - entraîne une multitude de forces centrifuges au sein d'écosystèmes qui organisent le décrochage du travail par rapport à l'emploi et aux formes de protections sociales qui y sont associées. Les plateformes numériques « modernisent » à leur façon les relations de travail et entraînent leur recomposition.
Avec la mise en place de départements de gestion publique en leur sein, les plateformes numériques s'érigent désormais en « faiseuses de règles » pour tenter d'imposer une « troisième figure de travailleur d'application numérique », selon des formes spécifiques dans chaque pays (Azaïs, Dieuaide, Kesselman, 2017). De telles stratégies brouillent les cartes et contribuent à alimenter les zones grises du travail et de l'emploi.
Le programme Regreyz&Co repose sur des institutions de recherche internationales et pluridisciplinaires. En France, des spécialistes de sociologie, science politique, économie, géographie, droit sont organisés en trois équipes principales : le Lise (Laboratoire interdisciplinaire pour la sociale économique, UMR 3320, CNRS, Conservatoire national des arts et métiers, à Paris, l'Institut d'architecture et d'urbanisme de l'Université de São Paulo, à São Carlos et l'Université fédérale de São Carlos. Les membres de ces différentes équipes spécialisées ont entre eux des liens éprouvés de travail scientifique collectif.
Informations complémentaires
La personne recrutée sera employée par le Lise CNRS-Cnam dans le cadre d'un CDD à plein temps d'une durée de 6 mois. La rémunération sera établie selon le barème de rémunération des personnels contractuels au CNRS et en fonction de l'expérience professionnelle acquise en lien avec les missions du poste. Le poste est localisé au Lise CNRS-Cnam, Paris 3ème.
Modalités de candidatures :
Les candidatures seront examinées par les membres de l'équipe de coordination française et brésilienne et de l'équipe Lise CNRS-Cnam.
Les dossiers de candidature doivent comprendre :
- Un curriculum vitae
- Une lettre de motivation (2 pages maximum) permettant d'apprécier les compétences du candidat et une liste de 4 publications scientifiques en rapport avec le sujet du projet de recherche.
Les candidat.e.s seront informé.e.s de leur présélection au plus tard le 31 octobre 2024 et seront auditionnés en novembre 2024 pour un recrutement en janvier 2025.
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