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Présentation INRAE
L’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE) est un établissement public de recherche rassemblant une communauté de travail de 12 000 personnes, avec 272 unités de recherche, de service et expérimentales, implantées dans 18 centres sur toute la France. INRAE se positionne parmi les tout premiers leaders mondiaux en sciences agricoles et alimentaires, en sciences du végétal et de l’animal. Ses recherches visent à construire des solutions pour des agricultures multi-performantes, une alimentation de qualité et une gestion durable des ressources et des écosystèmes.
Environnement de travail, missions et activités
Contexte, objectif et missions de stage :
L’histoire de l’agriculture biologique française et de son changement d’échelle reste aujourd’hui très lacunaire. Les travaux d’historiens et d’historiennes se focalisent sur l’échelle nationale et se montrent plus soucieux de l’appartenance politique des têtes de réseaux que des itinéraires techniques ou des modèles économiques des exploitations (Bivar, 2018 ; Trespeuch-Berthelot 2018). Une faible attention est portée aux dynamiques territoriales, aux dynamiques d’innovation entre pairs et à la structuration des filières. Les travaux de sociologues se centrent eux plus volontiers sur les processus liés de « conventionnalisation » (Gutman, 2004 ; Poméon, Fouilleux, Lemeilleur, Loconto, 2017), d’institutionnalisation (Piriou, 2002 ; Sénégas, 2020) et de certification de ‘la bio’ (Garcia-Parpet, 2012). Certains adressent la question de la professionnalisation des agriculteurs et agricultrices biologiques (Leroux, 2013 ; Nicolas, 2018 ; Samak, 2021), mais, privilégiant l’analyse de trajectoires individuelles ou offrant peu de recul sociohistorique, ils explorent peu les dynamiques socioprofessionnelles locales ayant conduit à un tel développement. Ces questionnements s’avèrent pourtant cruciaux dans notre perspective actuelle de transition agroécologique. Les travaux menés à des échelles territoriales soulignent en effet l’importance de la capacité collective des agriculteurs/éleveurs et de leurs conseillers techniques à formaliser un modèle technique local (Hellec et Blouet, 2014 ; Cardona et al., 2014).
Empruntant aux travaux sur la circulation des pratiques et des savoirs agroécologiques (Compagnone, Lamine, Dupré, 2018), nous proposons une étude des réseaux locaux d’agriculteurs et d’agricultrices biologiques des années 1970-2000 centrée sur les pratiques agricoles et les transformations des rapports sensibles et cognitifs des agriculteurs et agricultrices à la terre, aux animaux et aux milieux (Salmona, 1994), ainsi que sur les dynamiques d’apprentissage collectif et d’innovation entre pairs (Darré, 1996).
Le stage propose d’explorer les dynamiques sociales du développement historique de l’agriculture biologique dans le département du Jura. Il s’agira de reconstituer les modes de structuration d’un réseau pionnier en lien avec la méthode et le réseau commercial Lemaire- Boucher, peu étudiée à l’échelle de ses groupes locaux, puis de saisir les dynamiques propres à l’essor d’un Groupement d’agriculture biologique (GAB), acteur départemental clé du développement de ‘la bio’, étonnamment peu considéré jusqu’ici. L’étude devrait permettre de documenter un développement pragmatique de l’agriculture biologique, dont nous faisons l’hypothèse qu’il est porté par des fils et filles d’agriculteurs et agricultrices conventionnelles, se tenant à distance des controverses idéologiques. En ce sens, le cas du Jura pourrait se distinguer des dynamiques observées dans d’autres régions (Vallée de la Drôme ou Ardèche par exemple).
Afin de mener à bien cette étude des réseaux des agriculteurs et agricultrices bio du Jura (1970- 2000) et de leurs pratiques, le stagiaire combinera une approche historique et une approche sociologique, mobilisant des outils complémentaires : travail sur documents et archives, et entretiens biographiques selon la méthode des récits de vie (Berthaux, 2006). En termes de pratiques agricoles, une attention particulière sera portée aux choix des variétés cultivées et des races animales, aux pratiques de mélange de cultures et de gestion alternative des troupeaux (phytothérapie et homéopathie notamment). Il s’agira aussi de cerner les éléments de décision économique dont les choix de commercialisation ou de mise en marché (vente directe, circuits longs, coopératives) et enfin d’apprécier le type de relations nouées avec les consommateurs. En collaboration avec les agronomes et géomaticiens de l’UMR SADAPT, une étude des dynamiques plus récentes de l’agriculture biologique jurassienne sera également réalisée à partir des données agricoles (RGA, RPG depuis 2015) afin de questionner la stabilité des réseaux historiques de la ‘bio’.
Dans le cadre de ce mémoire, le stagiaire sera amené à participer et appuyer le travail d’émergence du réseau de recherche « Histoire et mémoires de ‘la bio’ » (INRAE, réseau inter- unités), en participant à l’organisation d’une rencontre, en fournissant un appui technique à la réalisation et la valorisation d’entretiens.
Le stage donnera lieu à la production d’un mémoire de fin d’études avec une contribution possible à la rédaction d’un article pour Etudes rurales ou Nature Sciences Sociétés.
Encadrement :
Le stage proposé sera co-encadré par Céline Pessis (socio-historienne, Inrae, Sadapt, équipe Proximité), Nathalie Joly et Floriane Derbez (sociologues, l’Institut Agro Dijon – Inrae, CESAER).
Comité de suivi :
Claire Lamine, sociologue (Inrae, ACT, Ecodéveloppement)
Philippe Martin, professeur d’agronomie (AgroParisTech, UMR Sadapt) et Baptiste Girault, géomaticien (UMR SADAPT)
Localisation : Paris, laboratoire d’accueil SADAPT (INRAE/AgroParisTech), et accueil ponctuel à Dijon (CESAER-INRAE).
Formations et compétences recherchées
Master/Ingénieur (Bac+5)
Niveau M2 ou fin d’études d’ingénieur ;
Formation en SHS (sociologie, histoire, sciences politiques, géographie sociale, anthropologie) ou en agronomie avec une ouverture sur les SHS ;
Un intérêt et des connaissances des pratiques agricoles seraient appréciés ;
Maîtrise de l’enquête de terrain et de l’analyse des données, rédaction d’un rapport ; Permis B indispensable.
Votre qualité de vie à INRAE
Les frais kilométriques et repas liés à la mission seront remboursés.
Modalités pour postuler
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