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What will be your role?
Description de la mission
Le département ECO propose un contrat à durée déterminée (CDD) de trois ansà un(e) doctorant(e) inscrit(e) en première année de thèse dans unétablissement habilité à délivrer le diplôme de docteur en France, ou undiplôme équivalent dans le cas d’une cotutelle internationale de thèse. Cecontrat s’appuie sur une convention de thèse CIFRE. Les dossiers decandidatures peuvent être déposés jusqu'au 30 septembre 2024. Les Candidat(e)snoteront que la durée de sélection, validation et contractualisation est trèslongue dans le cadre des conventions CIFRE, un délai d’une durée de 6 mois à unan est à prévoir entre le dépôt de la candidature et le démarrage du CDD. Lespersonnes qui ont déjà été employés en CDD ou CDI à l’AFD ne peuvent paspostuler.
Problématique :
Les activités humaines entraînent une perte très rapide de la biodiversitéet, avec elle, la capacité de la Terre à soutenir une vie stable et complexe(IPBES, 2019 ; The global assessmentreport on biodiversity and ecosystem services). Or les risques - pour lessociétés humaines et pour les écosystèmes - qui sont liés à la perte debiodiversité pourraient être au moins aussi élevés que ceux posés par lechangement climatique, les deux pouvant d’ailleurs s’alimenter réciproquement. Cependant,dans leur évaluation mondiale de 2019, les scientifiques de l’IPBES affirment aussiqu’il est possible de conserver,restaurer et utiliser la nature de manière durable et, en même temps,d’atteindre d’autres objectifs sociétaux à l’échelle mondiale en déployant de toute urgence des effortsconcertés qui entraînent des changementstransformateurs en profondeur des modèles de développement (voir aussiDasgupta, 2021 ; The economics ofbiodiversity). C’est également la vision du nouveau « Cadre Mondial dela Biodiversité » approuvé à l’issue de la 16ème conférence departies de la convention sur la diversité biologique en décembre 2022. Celui-cidéfinit les engagements pris par la communauté internationale (les parties) à l’horizon2030 puis 2050 pour mettre en œuvre la vision 2050 : « Vivre enharmonie avec la nature ». Le cadre mondial vise 4 grands objectifs :(i) préserver et restaurer l’intégrité des écosystèmes et de leur biodiversitéconstitutive, (ii) favoriser le développement durable en utilisant de manièresoutenable les ressources naturelles et en maintenant les services rendus parles écosystèmes (iii) assurer la satisfaction des besoins des populations grâceau partage des avantages de l’utilisation des ressources génétiques et leurséquençage numérique et (iv) donner à toutes les parties à la convention desmoyens scientifiques, techniques et financiers pour mettre en œuvre ce cadremondial. Il est doté de 23 cibles plus précises, dont la dixième visespécifiquement les secteurs de l’agriculture, de l’aquaculture, de la pêche etde la foresterie pour lesquels il est attendu une amélioration de larésilience, l'efficacité et la productivité à long terme de leurs systèmes deproduction, tout en renforçant la sécurité alimentaire, la conservation etrestauration de la biodiversité ainsi que la préservation des fonctions et servicesécosystémiques utiles aux populations.
C’est pourquoi l'AFD, avec ses partenaires, a fait du soutien auxtransformations des modèles de développement favorables au climat et à lapréservation de la biodiversité une priorité de ses interventions et considèreque les dynamiques de dégradation de la biodiversité sont une préoccupationmajeure pour les trajectoires de développement durables pour la décennie àvenir.
Or le changement d’usage des sols lié à l’agriculture est considéré commela principale source de pression directe sur la perte de biodiversité dans lemonde (IPBES, 2019) tout en étant lui-même influencé par le changementclimatique (Berry et al, 2006, Assessingthe vulnerability of agricultural land use and species to climate change andthe role of policy in facilitating adaptation). L’impact de l’agriculturesur la biodiversité est devenu un sujet majeur de recherche qui se heurte à denombreux obstacles théoriques et pratiques. Nombre de travaux de modélisationdes trajectoires pro-climats ou pro-natures appliqués à l’agriculture sefondent d’une part sur une hypothèse de maximisation du « rendementéconomique » pour l’agriculteur ne correspondant pas nécessairement auxsous-jacents réels des décisions de pratiques agricoles (voir plus bas) ets’appuient d’autre part sur des données statistiques de production agricolesnationales ou internationales (notamment les tables Environmental ExtendedMultiregional Input Output Tables – EEMRIO - utilisées dans les modélisations GEMMES- General Monetary and MultisectoralMacrodynamics for the Ecological Shift et ESTEEM - Exposure to Structural Transition inan Ecological-Economic Model) quidistinguent mal les différences de pratiques de cultures et d’élevages.
Pour permettre lacompréhension fine du lien entre pratiques agricoles et biodiversité, il fauts’appuyer sur des approches territorialisées, par exemple à l’échelle de lapetite région agricole modélisée en système agraire. Si la multiplication deces recherches territoriales permet de tirer des conclusions d’intérêt plusglobal – par exemple sur les capacités de résilience et d’adaptation auchangement climatique ou la fourniture de services écosystémiques (Cochet,Ducourtieux et Garambois, 2019 ; Systèmesagraires et changements climatiques au Sud : Les chemins de l'adaptation ;Santos et al, 2021 ; A farmingsystems approach to linking agricultural policies with biodiversity andecosystem services) – il est aujourd’hui extrêmement difficile de monteren généralité en reliant les modèles de systèmes de production au sein dessystèmes agraires avec les agrégats statistiques nationaux.
Le projet dethèse vise à étudier la problématique suivante : Comment extrapoler les analyses desystèmes agraires et de systèmes d’exploitations agricoles pour interpréter lesdynamiques environnementales, sociales et économiques reflétées dans lesdonnées macro-économiques et les statistiques agricoles ?
La finalité du travail sera alors de définir une méthode générique d’extrapolation des analyses de systèmes agrairespour interpréter les données macro-économiques et statistiques nationales deproductions agricoles et les indicateurs de biodiversité.
La recherche se fera en (1)mobilisant les concepts de l’agriculture comparée (système agraire, système deproduction agricole, systèmes de cultures/d’élevage), et en (2) croisant lestypologies de systèmes d’activités obtenus avec les statistiques à l’échellenationale pour améliorer la compréhension des implications des trajectoires dechangement d’usage des sols des modélisations pro-climat et pro-nature. Lesrésultats de cette recherche contribueront ainsi à l’amélioration desmodélisations macro-économiques pour tenter de passer de recommandationssectorielles ou par grand types de commodités agricoles à des orientationsintégrant pratiques agricoles et systèmes d’exploitations.
Ces travaux vont alimenter des outils statistiques et de modélisation pourla construction de dialogues de politique publique autour des questions desécurité alimentaire, équité, prospérité et biodiversité, analogue à ceuxentamés autour des risques climatiques (l’élaboration de la trajectoire NetZéro au Maroc, l’identification des risques de transition en Colombie, l’identification des risques physiques agricoles en Tunisie, etc.).
Eléments de cadrage de la thèse :
L’objectif de la thèse estdonc de mettre au point une méthode générique permettant d’améliorerl’interprétation et l’opérationnalisation des résultats des modélisations macro-économiques,notamment GEMMES et ESTEEM développés à l’AFD.
Ces modélisations peinent àdifférencier les types de système d’exploitation : cultures vivrièresconventionnelles ou plus ou moins tournés vers l’agroécologie ou l’agriculturebiologique, élevages plus ou moins intensifs, etc. Surtout elles prennent peuen compte les rationalités pourtant très contrastées des agriculteurs etagricultrices, notamment en agriculture familiale, selon leur accès à desespaces hétérogènes et selon les facteurs de production disponibles (,maximisation de la valeur ajoutée par unité de surface quand celle-ci est lefacteur limitant contre maximisation de la valeur ajoutée par actif quand laforce de travail familiale l’est, sécurisation du revenu plutôt que samaximisation en situation de grande précarité, patrimonialisation de l’usagedes sols quand la transmission générationnelle est probable contre exploitation« minière » quand l’avenir à court terme est l’expulsion, etc.). Desapproches comme celles fondées sur le concept de système agraire permettent definement analyser cette diversité de moyens et d’intérêts en la modélisant ensystèmes de production agricole (ou système d’activités), en fonction del’accès relatif aux différents parties de l’écosystème, aux facteurs deproduction (terre, travail, eau et autres services écosystémiques, capitalimmobilier ou mobilier pour acheter divers services et intrants) et ce demanière diachronique : la diversité actuelle est le produit d’unedifférenciation historique, induisant des trajectoires différentes pour lefutur de ces exploitations.
Une approche de modélisationtenant compte des systèmes de productions agricoles permet aussi de mieuxexpliciter les relations entre agriculture et biodiversité. L’analyse desystème agraire permet de relier la composition en différents systèmes deproductions agricoles d’un territoire donné avec d'autres composantes de lamosaïque paysagère (habitat forestier naturel ou habitats semi-naturels), etdes indicateurs de biodiversité et de services écosystémiques au niveau dupaysage (Santos et al, 2021).
Principaux éléments de questionnements de la thèse :
La thèse aura une portéeméthodologique très importante. Elle vise à améliorer deux mouvements d’analyseentre microéconomie et macroéconomie.
Du micro vers le macro, lacompréhension de la diversité des exploitations agricoles et de leur logique, nonexplicites dans les données statistiques agrégées ou des rares enquêtes derecensement général agricole, permet de modéliser plus précisément lesimplications environnementales, sociales et économiques de scénarios de changementsd’usages de sols agricoles (Rocheti et al, 2024 ; Harmonized European Union subnational crop statistics can revealclimate impacts and crop cultivation shifts ; World Agriculture Watch,2019 ; Methodological Brief –Gathering evidence to inform policy on agriculture transformation ). Cetteconnaissance micro-économique au sein des données macro-économiques doitpermettre aussi de distinguer, au sein d’agrégats ou de nuages statistiques,les opportunités (systèmes d’activités utilisant des pratiques engendrant despressions moindres sur la biodiversité ou les émissions de GES tout en assurantsécurité alimentaire ou lutte contre la pauvreté) des risques (systèmes deproduction exerçant plus de pressions sur la biodiversité ou d’émissions deGES).
Du macro vers le micro, lacompréhension des pratiques agricoles liées aux systèmes de production doitpermettre de mesurer l'efficacité des choix de trajectoires pour l’atteinted’objectifs de préservation de la biodiversité et de fourniture de servicesécosystémiques, grâce à des relations plus robustes entre systèmes agraires etleur contribution relatives au maintien de la biodiversité et la fourniture deservices écosystémiques. Cette compréhension de la diversité des systèmes agrairespermet de mieux apprécier les innovations et changements de pratiques au seindes exploitations agricoles qu’impliqueraient l’atteinte des objectifspro-climat et pro-nature dans le cadre de scénarios de trajectoiresmacro-économiques modélisées.
Eléments de méthodologie :
Objectifs spécifiques de larecherche
Le titulaire devranotamment:
- Revoirla littérature existante sur les apports complémentaires de l’agriculturecomparée, de l’analyse système en agriculture et des « farming system studies »aux statistiques internationales et nationales du secteur agricole (enquêtesménages, recensements agricoles, statistiques FAOstat et observatoire desagricultures du monde, etc).
- Identifier,sur un cas d’étude particulier (a priori Tunisie et potentiellement autrespays), les possibilités de relier les informations acquises au moyen d’analysesde systèmes agraires aux données statistiques.
- Proposerune méthode générique d’extrapolation des analyses de systèmes agraires et d’exploitationsagricoles pour interpréter de manière fonctionnelle les donnéesmacro-économiques et statistiques nationales de productions agricoles et desinformations géographiques. Celle-ci intégrera les dynamiquesenvironnementales, sociales et économiques utiles à la compréhension destrajectoires de changement d’utilisation des sols.
- Alimenterla réflexion sur les conditions de reproduction et d’adaptation de la méthode àd’autres territoires disposant de statistiques nationales de productionsagricoles et tester l’application.
- Participerau test, en collaboration avec les équipes de modélisation GEMMES de l’AFD, de l’intégrationde cette méthode d’extrapolation à des modèles économiques agrégés afin demieux interpréter les implications environnementales, sociales et économiquesdes trajectoires de changement d’utilisation des sols des modélisationspro-climat et pro-nature (cas d’étude possible en Tunisie, voire autre pays àidentifier où existe des modélisations GEMMES avec changement d’usage des sols).Lesrésultats du test permettront de valider ou amender la méthode développée.
Savoirs à mobiliser
Agriculture comparée :concepts de système agraire, système de production agricole/système d’activitéset leur mobilisation pour des diagnostics agroéconomiques territorialisés.
Economie :micro-économie pour l’analyse de comptes d’exploitation et comptabilité nationaleen ce qui concerne la connaissance des principaux agrégats d’un TES
Agronomie générale :compréhension des pratiques agricoles (systèmes de culture, systèmes d’élevage)et des cycles biologiques de base
Ecologie : connaissancedes facteurs d’évolution des écosystèmes, des variables de descriptions de labiodiversité, des indicateurs de biodiversité et des services rendus par lesécosystèmes.
Analysesquantitatives : capacité de travail sur des données statistiques,traitement de données y compris spatialisées et analyses statistiques
Séquençage de larecherche :
1- Les questions de méthodologie mentionnées supra devront, dans une phaseinitiale, être mises à l’épreuve de l’analyse sur un pays pour lequel ondispose de données (i) de statistiques agricoles et (ii) sur un nombresignificatif de systèmes d’exploitation agricoles.
2- La faisabilité d’une méthode de construction d’une base de donnéesstatistiques et de systèmes d’exploitation suffisant pour en tirer desextrapolations statistiques sera testée, dans une deuxième partie de la thèse.
3- La mise au point d’une méthode d’extrapolation de la connaissance localesera tentée dans la dernière partie de la thèse en établissant ses conditionsde réplication dans différentes géographies.
Encadrement : àl’AFD, le/ latitulaire du poste sera sous l’encadrement du département IRS/ECOet particulièrement la cellule GEMME. Son directeur de recherches et l’AFD seréuniront dans le cadre d’un comité de thèse.
Prérequis :
En postulant, le candidat à lathèse devra présenter un programme de recherche qu’il aura établi avec undirecteur de recherche de son choix, basé dans un laboratoire de recherchefrançais (une co-tutelle peut être mise en place entre un laboratoire de recherchefrançais et un laboratoire de recherches étranger). Le programme contiendra leséléments suivants : i) contexte et introduction ; ii) problématisationdu sujet et proposition de point d’application ; iii) références déjàidentifiées, collaborations envisagées (les collaborations internationales,notamment avec des structures du Sud sont encouragées), études deterrain ; iv) structure globale de la thèse : description du contenudes grands axes, chronogramme, durée du terrain si envisagé. Les données déjàacquises et à collecter devront être précisées ; v) objectifs en termes devalorisation académique et opérationnelle ; vi) évaluation des risquesd’échec du projet.
De plus, la réponse à l’appel à candidatures doitimpérativement comprendre : (i) le CV du candidat, sa liste de publicationséventuelles ; (ii) ses principaux documents de travail/publications, ou lecas échéant son mémoire de master à insérer en annexes, (iii) les notes qu’il aobtenues au master, (iv) un état de l’art (revue de littérature) sur le sujetproposé par l’AFD (maximum signes), (v) une lettre du directeur derecherches pressenti, (vi) une présentation du laboratoire de recherches et del’école doctorale pressentis, montrant l’insertion du projet de thèse dans lesaxes du laboratoire et de l’école doctorale, (vii) un chronogramme prévisionnelde conduite des travaux de recherche
Who are we looking for?
De niveau Master en Economie agricole et Ecole d’ingénieur spécialisée dans le domaine de l’économie agricole (double compétence requise).
Avoir mené un mémoire de niveau Master sur une thématique économique en lien avec l’usage des sols et les systèmes agraires.
Avoir des connaissances en modélisation et une aisance dans les analyses quantitatives
Autonomie, prise d'initiative et rigueur scientifique.
Capacités de rédaction et de synthèse.
Niveau d'études
Bac + 5 / M2
Diplôme d’ingénieur/Master 2 avec spécialité enagroéconomie. Un mémoire de M2/fin d’études en recherche sur les dynamiquesagraires serait un plus.
Niveau d'expérience
Une expérience dans un pays du Sud, ainsi quel’expérience d’une publication de recherche (article, chapitre, communication,etc.) serait des plus.
Une expérience antérieure d’étude sur des agriculteursest nécessaire. Il faut maitriser l’anglais.
Une expérience dans un pays du Sud serait un plus.
Langues
Français et Anglais (Opérationnel et autonome)
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